PARIS GALAXIES
une Vision pour le Grand Paris
Recherche prospective sur la fabrique du Grand Paris à l'horizon 2030

Projet expérimental du LIID, inscrit au sein de l'Institut ACTE (Université Paris 1Pantheon Sorbonne),
lauréat de la bourse Paris 2030 (Ville de Paris),
en collaboration avec le Paris College of Art et les acteurs émergents de la métropole créative.
Grand Paris Futur Lab (2165) : workshop Hesam à l’AIGP, 2015-16

Workshop Expérimental « Grand Paris Futur Lab », Atelier International du Grand Paris, Février-Avril 2016.

En Mai 2015, Raphaële Bidault-Waddington et le LIID ont fait se rencontrer Alessia de Biase, directrice du Laboratoire Architecture et Anthropologie de l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette, qui travaille sur l’histoire du futur, et Philippe Durance, professeur au LIRSA (Laboratoire d’Innovation et Recherche en Sciences de l’Action) au CNAM et spécialiste des méthodes prospectives, dans le but de tenter une expérience pédagogique trans-disciplinaire autour du futur du Grand Paris.

Le workshop Grand Paris Futur Lab né de cette rencontre, a reçu le financement de l’Hesam (pôle universitaire commun à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, au CNAM et à l’Ecole d’Architecture Paris La Villette) et s’est déroulé début 2016 à l’Atelier International du Grand Paris (partenaire du programme) avec un groupe de 17 étudiants en Masters de tout le pôle Hesam. Leurs bagages couvrait ainsi de nombreuses disciplines : architecture, design, histoire de l’art, management, développement durable, géographie, et littérature.

 

Equipe pédagogique : Alessia de Biase (LAA), Philippe Durance (CNAM), Raphaële Bidault-Waddington (LIID/Université Paris 1), Nancy Ottaviani (LAA), Ornella Zaza (LAA), Isabelle Zymermann (LAA).

 

Groupes des étudiants : Abdelnaky-Harriss Jordana, Panthéon-Sorbonne (Géographie) + Ensaplv (Dpea) ; Ait Dir Nadir, Cnam ; Bouillon David, Centre Michel Serres ; Bringand Flore, Ensaplv (Dpea) ; Collomb Pierre, Centre Michel Serres ; Delpech Victor, Ensaplv (M2) ; Fishkandl Théodora, Ensaplv (Dpea) ; Genoud Camille, Ensaplv ; Leray Solene, Ensaplv (Dpea) ; Liu Xuan, Cnam (Th) ; Mourid Nadia, Panthéon-Sorbonne (Géographie) + Centre Michel Serres ; Pache Michelle, Cnam ; Papazian Noëmie, Ensaplv (M2) ; Pinel Florence, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Dpt Art ; Rio Leo, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Dpt Art + Centre Michel Serre; Rodriguez Glenny, Ensaplv (M2) ; Thoby Juliette, Centre Michel Serres

Blog et déroulé du workshop sur grandparisfuturlab.org

 

Intentions

Le workshop avait vocation à expérimenter une méthode prospective et collaborative sur le futur du Grand Paris à horizon 2165. Ce parti-pris temporel est né du constat que 1865, il y a 150 ans, est un tournant de l’histoire de Paris.  C’est le moment où le Baron Haussmann déplace une dernière fois les limites de Paris (aux frontières actuelles), en construit son armature de boulevards et de places en étoile plus favorable à l’automobile (et à la gestion des foules). Il avait aussi déjà une vision du Grand Paris, puisqu’il ambitionnait d’agrandir Paris jusque St Germain en Laye.  Les résistances politiques des baronnies avoisinantes auront eu raison de son ambition d’Etat mais ce cap reste décisif et d’autant plus qu’il accompagne une phase d’accélération de l’industrialisation, et de la globalisation (formation des empires).

L’époque actuelle, marquée par la création de la Métropole du Grand Paris et l’émergence de l’ère digitale, la mutation du capitalisme et les migrations accélérées, semble également dessiner un pivot de l’histoire.  Selon une idée de Alessia de Biase, le principe du Grand Paris Futur Lab était ainsi d’ouvrir un grand livre ouvert à – 150 et + 150 ans et d’explorer le cap suivant.

 

Kit pédagogique

Le workshop était accueilli durant la semaine du 1er au 5 Février par l’Atelier International du Grand Paris au Palais de Tokyo, dont la grande salle était aménagée d’une « installation performative » accompagnée d’un « LabBook », conçus par Raphaële Bidault-Waddington afin de faciliter le travail collaboratif, et la construction de visions futures. Le Lab Book synthétisait une partie des connaissances sur l’histoire du Grand Paris livrées aux étudiants en début de workshop (dont les analyses du projet Paris Galaxies), puis accompagnait un processus méthodologique imaginé par Alessia de Biase – voir ci-dessous.

Mur d'Inspiration, espace de partage d'information et de repérage de "signaux faibles".

Mur d’Inspiration, espace de partage d’information et de repérage de « signaux faibles ».

 

L’installation comprenait un vaste « Mur d’Inspiration » permettant de partager en vue panoramique un très grand nombre de connaissances et d’images, d’idées et de mots-clés (post-it), et de mener des séances d’interprétation collective, d’expérimenter des juxtapositions ou thématisations, et de distinguer des « signaux faibles ». Plusieurs séances collaboratives autour de ce mur ont rythmé la semaine.

 

Séance de projections futures et de "Et si ?", sur le Mur des Hypothèses

Séance de projections futures et de « Et si ? », sur le Mur des Hypothèses

 

Venait ensuite le Mur des Hypothèses permettant par des feuilles de couleurs d’ouvrir et visualiser un paysage très large d’intuitions, d’inquiétudes ou désirs futurs, de questions à se poser, ou de problèmes à résoudre. Sans ordonnancement particulier, ce Mur exprime une sorte d’horizon futur libre, ouvert, et chaotique.

Toujours dans le même matériau de bouleau naturel, chaque groupe disposait d’un Board, un plateau (1,2 x 2,5 m) qui servait de table de travail, d’espace large où organiser et cartographier des éléments de réflexion au fil du workshop, puis de support de création de leur vision future sous la forme d’un paysage d’information qui puisse être présenté tel quel comme un tableau.

 

A l’issue du workshop, ces « tableaux du futur » étaient remis en scène dans l’espace de travail pour former une « exposition-recherche » (voir les pratiques du LIID pour le projet Paris Galaxies ou d’autres projets), propice à la discussion collective et à la recherche collaborative.

 

Equipe "Fluctuat Nec Mergitur", hypothèse de la crue des eaux extrêmes.

Equipe « Fluctuat Nec Mergitur », hypothèse de la crue des eaux extrêmes.

 

Le dernier jour du workshop, le vendredi 5 Février après-midi, était invités un pool d’experts en prospective (Philippe Durance du CNAM ayant mobilisé son réseau de pairs), pour une séance Open-Lab de réflexion collaborative autour des 5 visions futures.

Les invités étaient :

- Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir

- Chloé Vidal, directrice de recherche en Prospective chez Institut Destrée

- Karine Hurel, chargée de mission « Intelligence spatiale & prospective » à la Datar, elle coordonne la démarche Territoires 2040

- Sandrine Auger, responsable pédagogique du Centre Michel Serres

- Philippe Estèbe, géographe

- Thierry Gaudin, ingénieur et membre de l’association Prospective 2100

- Marc Lecoq, directeur de projet du Centre Michel Serres

- Karim Medjad, chaire de Développement international des entreprises au CNAM

- Stéphane Cordobes, responsable de la prospective et des études du Commissariat Général à l’Egalité des Territoires

- Véronique Volpe, chef de projet Thinklab, Région Ile de France

 

A l’issue du premier Open-Lab, Dominique Leglu, rédactrice en chef de Sciences & Avenir, a proposé de refaire une séance Open-Lab avec son équipe de journalistes qui s’est tenue le 1er Avril à l’AIGP.

 

 

Méthodologie et images du futur

Imaginée par Alessia de Biase, la méthodologie pédagogique consistait à faire travailler les étudiants à partir d’images de visions architecturales et futuristes qui jalonnent l’histoire de Paris, et de s’en servir comme modèle de projection future de Paris à un horizon lointain.

Chaque groupe d’étudiants se voyait ainsi remettre une enveloppe contenant 2-3 images d’un même architecte ou artiste ayant produit des visions futuristes de Paris entre la fin du dix-neuvième siècle et les années 1960.

"Le Soir de l'An 2000", Alain Robida, 1882. Modèle de vision future de l'une des équipes.

« Le Soir de l’An 2000″, Alain Robida, 1882. Modèle de vision future de l’une des équipes.

 

Une première étape du workshop consistait à identifier les thématiques présentes dans les images puis à les contextualiser au regard de son temps par une recherche documentaire, ensuite partagée et cartographiée sur le Mur d’Inspiration.

La deuxième étape opérait une mise à jour des thématiques (eg. ne plus parler de « transport » mais de « mobilité ») et se voulait un temps de recherche de signaux faibles caractéristiques des métamorphoses du monde contemporain.  Une deuxième couche d’informations et de thématiques a ainsi été ajoutée au Mur d’Inspiration.  Malheureusement cette phase a concrètement été écrasée par l’effort d’historisation précédent. A ainsi manqué une pédagogie et une discussion sérieuse sur les évolutions actuelles (émergence de l’ère digitale, mutation du capitalisme cognitif, transformation des usages, du travail, des cultures, des croyances et des imaginaires, etc.).

Le Mur d’Inspiration chargé de ces couches d’images, dresse néanmoins un étonnant panorama de l’histoire et des enjeux de la Ville du Futur, et pourrait être ré-analysé indépendamment de l’agenda du Grand Paris.

Venait ensuite une séance de brainstorming collectif autour du Mur des Hypothèses, puis la construction des scénarios futurs dans chaque groupe et toujours avec les images futuristes de départ en modèle d’inspiration.

Ces images qui restent des « vues d’artiste » témoignent d’un fantasme de projection et d’ingénierie du futur propre à l’histoire de Paris (et qui s’est par exemple exprimé dans ses Expositions Universelles), même si son bâti, sa société et sa culture, profondément marqué par les couches du temps, n’en sont pas le reflet.

Loin des plans d’architectes ayant réellement façonné la ville, ou d’archives plus socio-culturelles et politiques de Paris et ses banlieues, ces images ont un caractère « science-fictionnesque » mettant en scène les technologies, et les sciences de l’ingénieur si typiques des « fans » de l’innovation.  On en trouve également la trace bien vivace dans l’imaginaire institutionnel français formé aux Ecole Polytechniques, Centrale, et Ponts et Chaussées.

Immanquablement, les propositions des étudiants sont restées en majorité dans cette approche techno-centrée et extrême du futur, survolant par exemple les questions de gouvernance, de culture ou même d’art de vivre pourtant si essentiel à la Capitale. Signe du temps et d’une génération, et/ou résultat attendu d’une méthode déconnectée du réel et résolument « futuriste », trois groupes sur cinq ont par exemple souhaité donner priorité à l’hypothèse de la téléportation comme idée centrale du Grand Paris en 2165.

La discussion lors de l’Open Lab rappelait cependant que la projection future dans un horizon lointain, reste un exercice périlleux où l’on oscille entre naïveté, imagination débordante (dans ses faces positive ou négative), et scepticisme. La discussion s’est ainsi avérée très riche et animée.

 

D’autre part, la science-fiction a des vertus et notamment celle d’explorer les impacts de la science sur l’humanité.